Joseph Kabila à Goma : Retour stratégique ou provocation en territoire fragile ?
C’est un retour aussi discret que lourd de symboles. L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, a foulé ce vendredi le sol de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dans une région encore marquée par l’insécurité et la pression des forces rebelles du M23.

Un retour inattendu dans un contexte tendu
Selon plusieurs sources concordantes, Kabila est arrivé à bord d’un vol privé, sans annonce officielle ni déclaration publique. C’est la première fois que l’ex-chef de l’État revient au pays depuis son départ du territoire congolais en 2023, dans ce que certains ont qualifié d’"exil volontaire".
Ce qui étonne plus d’un, c’est le choix de Goma, une ville sous menace constante, avec des zones avoisinantes sous contrôle ou influence des rebelles du M23 — un mouvement accusé d’être soutenu activement par le Rwanda. Alors que des pourparlers de cessez-le-feu sont en cours, cette visite soulève des interrogations : Kabila veut-il vraiment contribuer à la paix ou cherche-t-il à raviver son influence politique dans l’Est du pays ?
Une visite à double lecture
Pour certains, il s’agirait d’un geste de réconciliation, un "acte patriotique" pour tenter de jouer les médiateurs dans une région où il garde encore des réseaux solides. Pour d’autres, plus sceptiques, ce retour s’apparente à une provocation politique — une manière de tester les équilibres actuels du pouvoir, voire de préparer un retour plus actif sur la scène politique nationale.
À Voix du Congo, nous pensons que toute initiative visant à rapprocher les Congolais et à stabiliser la partie Est du pays mérite d’être saluée — à condition qu’elle se fasse dans la transparence, le respect des institutions, et surtout sans arrière-pensées partisanes.
Le silence du gouvernement : prudence ou embarras ?
Le gouvernement central n’a pour l’instant pas réagi officiellement. Un silence qui peut être interprété comme une prudence stratégique… ou comme un signe d’embarras. Il faut rappeler que des voix au sein de l’appareil d’État accusent Joseph Kabila de soutenir indirectement les milices actives dans l’Est, accusations qu’il n’a jamais formellement reconnues.
La population locale, elle, reste partagée. Certains y voient un motif d’espoir, d’autres craignent une manœuvre de plus dans un jeu politique souvent éloigné des réalités du terrain.
Conclusion : vigilance et responsabilité
Le retour de Joseph Kabila à Goma doit être observé avec vigilance. Si l’ancien président veut réellement jouer un rôle dans la pacification de l’Est, cela ne peut se faire qu’en collaboration franche avec les autorités en place, la société civile, et surtout dans l’intérêt du peuple congolais.
Le Congo n’a plus besoin de calculs politiques ou de conflits d’influence. Il a besoin de paix, de justice, et d’un leadership responsable.
La Voix du Congo continuera à suivre cette situation de près et à faire entendre la voix du peuple, librement et sans compromis